Surmonter le deuil périnatal : un parcours très douloureux pour les parents en deuil

Comprendre le deuil périnatal

Définition et contexte

Le deuil périnatal se réfère à la période de deuil qui suit la mort d'un nourrisson ou d'un fœtus pendant la grossesse, l'accouchement ou peu après la naissance. Ce processus psychique complexe englobe un ensemble de symptômes, d'émotions et d'étapes que les parents traversent suite à cette perte incommensurable.

Statistiques et prévalence

Bien qu'il soit difficile d'établir des chiffres précis, on estime que chaque année en France, environ 1% des grossesses sont confrontées au décès du bébé pendant la période périnatale. Ces drames surviennent souvent durant les derniers mois de grossesse, à l'accouchement ou dans les premières semaines suivant la naissance. Après de longs mois d’attente, et des grossesses parfois difficiles, ou justement sans problème, il est très difficile de faire le deuil de l’enfant qui devait rejoindre le foyer.

Les étapes du deuil périnatal

Choc et déni

La première étape du deuil périnatal est souvent marquée par un sentiment de choc et de déni face à la réalité du décès. Les parents peuvent éprouver un sentiment d'incompréhension et de refus devant cette perte, qui semble irréelle.

Colère et culpabilité

Suite au choc initial, les parents peuvent ressentir de la colère envers eux-mêmes, les professionnels de santé ou la situation en général. La culpabilité peut également être présente, avec des pensées telles que "Si seulement j'avais fait ceci" ou "C'est de ma faute".

Tristesse et dépression

La tristesse envahit progressivement le quotidien des parents endeuillés, s'accompagnant parfois de symptômes dépressifs tels que l'isolement, l'insomnie ou la perte d'intérêt pour les activités habituelles.

Acceptation et reconstruction

L'acceptation est une étape essentielle du processus de deuil, permettant aux parents d'intégrer la réalité de leur perte et de commencer à reconstruire leur vie sans leur enfant. Cette phase n'efface pas la souffrance, mais favorise un apaisement progressif et une adaptation à la nouvelle situation.

Les conséquences du deuil périnatal

Impact sur la santé mentale et physique des parents

Le deuil périnatal peut avoir des répercussions importantes sur la santé mentale des parents, entraînant notamment des troubles anxieux, dépressifs ou post-traumatiques. Sur le plan physique, le stress et l'épuisement émotionnel peuvent provoquer diverses manifestations somatiques.

Effets sur la vie de couple et l'entourage

La perte d'un enfant peut également impacter la relation du couple et les liens familiaux. Il est important pour les proches d'être à l'écoute, de faire preuve de compassion et de soutenir les parents endeuillés dans cette période difficile. Il peut se créer un écart de compréhension et de réaction entre les parents, ajoutant des tensions à une situation déjà difficile. Aussi, le départ prématuré de l’enfant laisse souvent apparaître des peurs chez les parents.

Le soutien disponible pour les parents endeuillés

Types de soutien psychologique

Le soutien psychologique est fondamental pour accompagner les parents dans leur processus de deuil. Les professionnels de santé mentale, tels que les psychologues ou les psychiatres, peuvent proposer des thérapies individuelles, de couple ou en groupe pour aider les parents à traverser cette épreuve.

Ressources médicales et conseils

Des ressources médicales sont également disponibles pour accompagner les parents, notamment au sein des maternités et des hôpitaux. Des consultations spécifiques, des groupes de parole ou des ateliers peuvent être proposés pour aider les familles à surmonter leur chagrin.

Briser le tabou autour du deuil périnatal

La nécessité de reconnaître et d'aborder le sujet

Le deuil périnatal reste un sujet souvent méconnu et entouré de tabous. Il est essentiel d'en parler, tant pour mieux comprendre ce que vivent les parents endeuillés que pour favoriser une prise en charge adaptée et un accompagnement bienveillant.

Comment aider les parents endeuillés

Pour soutenir les parents en deuil périnatal, il est important d'être à leur écoute, de reconnaître leur souffrance et d'éviter tout jugement. Des gestes simples comme offrir une oreille attentive, partager des souvenirs ou proposer une aide concrète peuvent contribuer à alléger la charge émotionnelle des parents.

Les questions que se posent les parents lors de la perte de leur nouveau-né ?

La perte d'un nouveau-né soulève de nombreuses questions et préoccupations dans l’esprit des parents. Voici quelques-unes des questions courantes que les parents se posent lorsqu'ils font face à une telle tragédie :

• Pourquoi est-ce arrivé ? Les parents cherchent souvent à comprendre la cause de la mort de leur nouveau-né, que ce soit une maladie, une complication pendant la grossesse, un accouchement difficile ou d'autres facteurs.
• Est-ce de ma faute ? Les parents peuvent se sentir coupables et se demander s'ils auraient pu faire quelque chose pour prévenir la mort de leur enfant, même si cela n'est généralement pas le cas.
• Est-ce que cela va arriver encore ? La peur d'une nouvelle perte peut envahir leur esprit, en particulier s'ils envisagent d'avoir d'autres enfants à l'avenir.
• Comment faire face à la douleur et au chagrin ? Les parents peuvent se sentir submergés par la douleur et ne pas savoir comment la gérer ou la surmonter. Ils peuvent également se demander combien de temps durera leur deuil.
• Comment annoncer la nouvelle aux proches ? Les parents peuvent également se préoccuper de la manière d'aborder le sujet avec leur famille et leurs amis, et de la réaction qu'ils recevront.
• Comment faire face aux formalités administratives ? La perte d'un nouveau-né nécessite des démarches administratives, et cela peut être une tâche émotionnellement difficile à exécuter.
• Comment rendre hommage à leur enfant ? Les parents peuvent chercher des moyens de commémorer et de rendre hommage à leur bébé, que ce soit par le biais de funérailles, de cérémonies ou d'autres gestes symboliques.

• Comment soutenir les autres membres de la famille ? Les parents peuvent enfin se soucier de l'impact de la perte sur leurs autres enfants, leur conjoint ou d'autres proches, et chercher des moyens de les soutenir dans leur deuil.

Les questions et préoccupations peuvent évidemment varier d'une personne à l'autre. Dans ces moments difficiles, il est souvent utile pour les parents de chercher du soutien auprès de professionnels de la santé, de groupes de soutien ou des proches.

Comment l’annoncer aux collègues de travail ?

Annoncer la perte d'un nouveau-né aux collègues de travail est une étape difficile et émotionnelle. Voici quelques suggestions sur la façon de procéder :

• Choisissez le bon moment : Attendez un moment où vous vous sentez émotionnellement prêt à aborder le sujet avec vos collègues. Évitez de le faire à la hâte ou lors d'une réunion professionnelle importante.
• Choisissez un mode de communication approprié : Vous pouvez décider d'annoncer la nouvelle en personne, par courrier électronique ou par le biais d'une plateforme de communication interne, en fonction de votre relation avec vos collègues et de ce qui vous semble le plus confortable.
• Soyez clair et direct : Exprimez clairement et succinctement la perte de votre nouveau-né, en évitant de trop entrer dans les détails si vous ne le souhaitez pas. Par exemple, vous pouvez dire : "Chers collègues, je voulais vous informer avec une grande tristesse que nous avons perdu notre bébé récemment. C'est une période difficile pour nous, et nous apprécions votre compréhension et votre soutien."
• Cela ne sera pas facile, mais essayez d’être ouvert aux réactions et aux émotions des autres : Certains collègues peuvent être surpris, choqués ou mal à l'aise après avoir entendu cette nouvelle. Soyez prêt à répondre à leurs réactions de manière respectueuse et compréhensive.
• Exprimez vos besoins : Si vous avez des demandes spécifiques concernant votre travail, comme des congés ou des aménagements horaires, n'hésitez pas à les mentionner. Vos collègues seront plus susceptibles de vous soutenir si vous leur communiquez clairement vos besoins.
• Sollicitez un soutien discret : Si vous vous sentez à l'aise, vous pouvez informer certains collègues de confiance de votre situation, afin qu'ils puissent vous offrir un soutien discret et vous aider à gérer les défis professionnels pendant cette période difficile.
• Respectez votre besoin de vie privée : Si vous ne souhaitez pas discuter de votre perte en détail ou si vous préférez ne pas aborder le sujet au travail, assurez-vous de l'indiquer clairement dans votre annonce. Il est important que vous définissiez les limites que vous êtes à l'aise de partager.

Surtout, faites ce qui vous semble le plus approprié pour vous et votre situation personnelle pour annoncer la nouvelle.

Que devient le congé maternité lors d'un deuil périnatal ?

En France, en cas de deuil périnatal, le congé maternité est généralement maintenu dans sa durée prévue. Voici les principales dispositions relatives au congé maternité en cas de décès de l'enfant :

Durée du congé maternité : Le congé maternité en France est composé de deux parties : le congé prénatal et le congé postnatal. Le congé prénatal débute généralement six semaines avant la date prévue de l'accouchement, et le congé postnatal dure dix semaines après l'accouchement.

Maintien du congé maternité : En cas de deuil périnatal intervenant après 22 semaines d’aménorrhée, le congé maternité est maintenu dans sa durée prévue, que l'enfant soit né vivant ou non. Cela signifie que les semaines de congé prénatal et postnatal seront respectées, sans modification.

Possibilité de prolongation : En cas de décès de l'enfant pendant le congé maternité, il est possible de demander une prolongation du congé postnatal. Cette prolongation est prévue par la loi pour une durée maximale de 30 jours, à compter de la date du décès de l'enfant.

Congé de deuil supplémentaire : En plus du congé maternité, il est également possible de bénéficier d'un congé de deuil supplémentaire en cas de décès de l'enfant. Ce congé de deuil est accordé pour une durée maximale de cinq jours ouvrables, afin de permettre aux parents de faire face à la perte de leur enfant.

Il est recommandé de consulter les sources officielles, telles que la Sécurité sociale ou l'Assurance Maladie, ainsi que les ressources humaines de votre employeur pour obtenir les informations les plus à jour et spécifiques à votre situation.

Les meilleurs livres de soutien au deuil périnatal

Voici quelques livres que nous vous recommandons, et qui offrent un soutien et une compréhension du deuil périnatal :

• Le berceau vide : deuil périnatal et travail du psychanalyste par Marie-Josée Soubieux : Ce livre aborde le deuil périnatal pour aider les parents à traverser cette épreuve. Le berceau est le cœur de la périnatalité. Lorsqu'il est vide, c'est une part essentielle de l'existence qui vacille. Cet enfant qui n'est plus ni dedans ni dehors, quel est-il ? Un bébé, un foetus, un rien ?

• Parents orphelins : vivre une fausse couche, une IMG, un deuil périnatal de Sophie Nanteuil : recueil d’environ 100 témoignages de femmes, d'hommes, de proches qui racontent des fragments de leur histoire. Les questions plus fréquemment posées lors de cette épreuve, avec les réponses de professionnel(le)s, des séances de méditation pour puiser de l'énergie en soi, des conseils de parents…

• Décès périnatal - le deuil des pères de Christine Gervais, Jici Lord-Gauthier et Chantal Verdon : Directement construit autour de témoignages de pères endeuillés, ce livre s’attaque à ce tabou. Il brosse le portrait d'une peine peu connue et mal comprise et laisse savoir aux lecteurs endeuillés qu'ils ne sont pas seuls.

Ces livres offrent des perspectives, des conseils et des ressources pour accompagner les parents confrontés au deuil périnatal.

Célébrer la mémoire de son enfant

Lors d'un deuil périnatal, de nombreux parents ressentent le besoin de célébrer la mémoire de leur enfant. Voici quelques questions qui peuvent se poser :

• Comment pouvons-nous honorer notre enfant décédé ?
• Est-ce que nous voulons organiser une cérémonie ou un rituel en son honneur ?
• Quels gestes symboliques pouvons-nous faire pour marquer sa mémoire, comme allumer une bougie, planter un arbre ou créer un objet commémoratif ?
• Est-ce que nous souhaitons créer un album photo, un journal ou un espace dédié pour rassembler les souvenirs de notre enfant ?
• Comment pouvons-nous inclure notre enfant dans les événements familiaux ou les commémorations spéciales ?

Le besoin d’en parler

Parler de l'enfant décédé permet aux parents de partager et d'exprimer leurs émotions liées à la perte. Ils peuvent ressentir le besoin de parler de leur tristesse, de leur douleur, de leur colère ou de toute autre émotion complexe associée à la perte de leur enfant. En partageant ces émotions, les parents peuvent se sentir soulagés et soutenus.

Aussi, parler de leur enfant est une façon de reconnaître son existence et de lui donner une place dans la vie. Cela permet aux parents de partager des souvenirs, des moments spéciaux et de parler de l'impact que cet enfant a eu sur leur vie, même s'il n'a pas vécu longtemps.

Le besoin de garder présent le souvenir

Pour de nombreux parents, il est important de garder vivant le souvenir de leur enfant et de maintenir une connexion émotionnelle avec lui. Voici quelques points clés à considérer :

• Créer des rituels de souvenir : Les parents peuvent instaurer des rituels réguliers pour se remémorer leur enfant, comme allumer une bougie à une date symbolique, observer un moment de silence ou écrire des lettres à leur enfant décédé.
• Intégrer sa mémoire dans la vie quotidienne : Certains parents trouvent du réconfort en intégrant la mémoire de leur enfant dans leur vie quotidienne. Cela peut inclure l'affichage de photos ou d'objets.

Le deuil périnatal est une réalité douloureuse pour de nombreuses familles. Il est crucial de bien comprendre ce processus, d'accompagner les parents endeuillés et de briser le silence qui entoure trop souvent cette tragédie. Le soutien psychologique, médical et social est primordial pour permettre aux parents touchés de traverser cette épreuve et de se reconstruire progressivement.