Combien de temps dure une sédation profonde avant le décès ?

3 Février 2023

En France, la loi du 2 février 2016, dite loi Claeys-Leonetti autorise la sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès (SPCJD) afin de pouvoir mourir dans la dignité, et éviter ainsi des souffrances inutiles. La proposition de loi PS-UMP sur une fin de vie digne prévoit également sa mise en place dans des cas spécifiques. Mais quels en sont les effets et combien de temps dure cette procédure ?

Qu'est-ce qu'une sédation profonde ?

La sédation profonde, aussi connue sous le nom de sédation terminale ou sédation palliative, se caractérise par une altération profonde de la conscience qui peut aller jusqu'à l'arrêt respiratoire et le décès du patient. C’est un état de sommeil artificiel induit par des médicaments pour réduire ou supprimer la conscience et la réception des stimuli douloureux. C’est un droit nouveau introduit en France par la loi du 2 février 2016, et qui permet sous conditions, l’arrêt de traitement et l’endormissement du patient.

A noter : la sédation profonde est différente de l'anesthésie générale, qui supprime la conscience et la réception des stimuli douloureux pendant une période plus longue.

La sédation profonde utilisée en soins palliatifs

La sédation profonde peut également être utilisée dans le cadre de soins palliatifs pour soulager la douleur et l'inconfort des patients atteints de maladies graves et incurables. Elle peut être utilisée pour soulager les symptômes tels que la douleur, l'essoufflement, la toux, la nausée, l'anxiété et l'agitation, qui peuvent survenir pendant la phase finale de la maladie.

La sédation profonde est utilisée pour les patients dont le pronostic vital est engagé, et qui ont des symptômes réfractaires aux autres traitements, ou qui souffrent d'une douleur ou d'un inconfort intolérable. Elle est également utilisée pour les patients qui souhaitent être sédatés pour la fin de leur vie afin d’éviter des souffrances inutiles et ainsi avoir une fin de vie plus paisible.

La sédation profonde en soins palliatifs est généralement utilisée en combinaison avec d'autres traitements pour soulager les symptômes et non comme un traitement unique. Il est important de discuter avec un professionnel de la santé pour évaluer les options de traitement appropriées à chaque patient.

Combien de temps peut-on rester sous sédation profonde ?

La durée de la sédation profonde peut tendre entre quelques heures et quelques jours selon les cas de figure. Cela dépend de la procédure médicale ou de la situation clinique pour laquelle elle est utilisée. Pour les procédures chirurgicales ou les examens d'imagerie, la sédation profonde peut durer de quelques minutes à plusieurs heures. Pour les soins palliatifs, la durée de la sédation profonde peut varier considérablement, allant de quelques heures à plusieurs jours.

La sédation profonde doit être administrée par un personnel médical qualifié et expérimenté et doit être surveillée en permanence pour assurer la sécurité du patient. Les patients doivent être réveillés progressivement après la sédation profonde et surveillés pour détecter tout effet secondaire.

La sédation profonde ne doit pas être utilisée pour prolonger artificiellement la vie ou pour prolonger la souffrance d'un patient en fin de vie. Les décisions relatives à l'utilisation de la sédation palliative doivent être basées sur les besoins et les souhaits du patient, ainsi que sur les considérations éthiques et médicales appropriées.

Il n'y a donc pas de durée fixe pour une sédation profonde avant la mort. Cela dépendra des cas de figure, des circonstances individuelles et des soins médicaux prodigués. Certains patients peuvent mourir rapidement après l'induction de la sédation profonde, tandis que d'autres peuvent vivre pendant des jours ou des semaines avec des soins palliatifs appropriés. Il est important de discuter de ces questions avec un médecin ou un professionnel de la santé qualifié pour comprendre les options de soins et les prévisions de pronostic pour un individu donné.

Qui décide de la sédation palliative ?

La sédation profonde et continue jusqu’au décès (SPCJD) peut être pratiquée sur demande du patient lui-même, ou si le patient n’est pas en mesure d’en faire la demande, sur décision du médecin après une concertation collégiale. Si le patient est en état d’exprimer sa volonté, et que son cas le nécessite, il peut en faire la demande auprès de son médecin.

La décision d'utiliser la sédation palliative en fin de vie est généralement prise en collaboration entre le patient, les membres de sa famille et l'équipe médicale. Le médecin traitant est responsable de la décision de sédation palliative, cependant il est important de tenir compte de l'avis et des souhaits du patient, ainsi que de l'avis des membres de sa famille.

Les directives anticipées, qui sont des instructions écrites données par un patient sur les soins qu'il souhaite ou ne souhaite pas recevoir en fin de vie, peuvent aider à clarifier les souhaits du patient en cas de perte de capacité de décision. Ces directives anticipées doivent être alors respectées par l'équipe médicale.

Les principes de la loi du 2 février 2016 sur la sédation profonde et continue jusqu'au décès

La loi du 2 février 2016 offre aux patients un cadre juridique clair pour leur permettre de décider si oui ou non ils souhaitent bénéficier d'une sédation profonde et continue jusqu'à ce que survienne leur décès (SPCJD). Pour être admissible au traitement palliatif par sédation profonde et continue jusqu'au décès, le patient doit remplir certaines conditions:

• état médical grave et incurable;
• refus obstiné d’un traitement curatif;
• absence d’amélioration possible;
• pronostic vital très court;
• perte progressive des capacités cognitives;
• douleurs physiques insupportables.

Le recours à cette procédure n’est pas limitée aux malades atteints de cancer, mais peut concerner toutes sortes de pathologies invalidantes.

Quels sont les effets attendus ?

• Altération profonde de la conscience : La sédation profonde alterne entre une phase modérée (anxiolyse) et une phase plus profonde (hypnoanalgésie). Elle réduit considérablement l'agitation, les angoisses, l'insomnie, les cauchemars, etc., afin d'obtenir un état calme chez le patient. Les mouvements volontaires disparaîtront progressivement pendant plusieurs heures pour donner lieu à une immobilité complète avant que ne se produise le décès.
• Analgésie associée à la sédation profonde : Une analgésie (suppression de la douleur) intense est associée à ce type de traitement palliatif. Les traitements en cours pour le maintien du patient en vie sont stoppés.
• Durée moyenne de la sédation profonde : La durée de la sédation profonde et continue jusqu'au décès varie d’un patient à l’autre. Cette procédure peut durer entre une heure et plusieurs jours en fonction des soins palliatifs administrés, du type de maladie dont souffre le patient et de sa réaction au traitement.

Qu’est-ce que la loi Leonetti ?

La loi 2005-370, dite Loi Leonetti est une loi française adoptée en 2005 qui a pour objectif de garantir le respect de la volonté des patients en fin de vie et de préciser les modalités de mise en œuvre de l'arrêt des traitements et de la sédation terminale. Elle prévoit notamment la reconnaissance de la notion de " fin de vie ", la possibilité de refus de traitements inutiles ou disproportionnés, la reconnaissance de l'accompagnement de la douleur et de la sédation profonde en fin de vie, la possibilité de rédiger un testament de fin de vie et la mise en place d'un registre national des directives anticipées.

La loi Leonetti vise à respecter la volonté des patients qui souhaitent mourir dans la dignité, en garantissant leur droit de refuser des traitements inutiles ou disproportionnés et en précisant les modalités de mise en œuvre de l'arrêt des traitements et de la sédation terminale. Elle vise également à protéger les médecins et les soignants en les informant des dispositions légales en vigueur.

La loi Leonetti ne prévoit pas l'euthanasie ou le suicide assisté, qui restent illégaux en France. Elle a pour but de garantir le respect de la volonté des patients en fin de vie et de préciser les modalités de mise en œuvre de l'arrêt des traitements et de la sédation terminale. Cette loi a été actualisée le 2 février 2016, devenant la loi Clayes-Leonetti qui autorise le recours à la sédation profonde et continue jusqu'au décès, mais toujours sans légaliser l’euthanasie.

Où en est la loi sur la fin de vie ?

La loi sur la fin de vie en France est actuellement en cours de débat. Depuis 2016, le gouvernement français a lancé une réflexion sur la fin de vie et les soins palliatifs qui a abouti à un projet de loi qui a été présenté au Parlement en janvier 2021.

Ce projet de loi propose de clarifier les modalités de mise en œuvre de l'arrêt des traitements et de la sédation terminale, de renforcer la prise en charge de la douleur et des symptômes, de permettre aux patients de rédiger des directives anticipées et de reconnaître le rôle des accompagnants. Il prévoit également la création d'un cadre légal pour les soins palliatifs à domicile, la mise en place de centres de soins palliatifs régionaux et la formation des professionnels de santé aux soins palliatifs.

Ce projet de loi a été présenté au Parlement et a fait l'objet de débats et de discussions. Il est en cours d'examen par les parlementaires, il est donc difficile de prévoir quand il sera adopté ou si des modifications seront apportées.

La sédation profonde et continue jusqu'au décès est autorisée en France par la loi du 2 février 2016. Elle permet aux patients atteints d'une maladie incurable et sans espoir de guérison d'obtenir un soulagement intense des symptômes physique et psychologique. Son effet principal est l'altération profonde de la conscience qui peut aller jusqu'à l'arrêt respiratoire et le décès du patient. Il est associé à une analgésie prolongée destinée à atténuer les symptômes physiques et psychologiques de la fin de vie. Sa durée moyenne varie généralement entre une heure et peut aller jusqu'à plusieurs jours, selon l'état clinique du patient et les soins palliatifs fournis.

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