Comment apprivoiser la peur de la mort ?
30 novembre 2021
Selon un sondage Ifop, plus de 20% de la population française aurait peur de la mort et près de 40% déclarent ne pas trouver d’oreille suffisamment attentive pour en parler… alors aborder la mort est-il l’ultime sujet tabou ? Inhérente et indissociable de la vie, la mort est l'inévitable destin de l'être humain. Si certains d'entre nous parviennent à intégrer cette fatalité sans qu'elle les empêche de jouir de leur existence, d'autres en revanche, souffrent d'une angoisse de mort parfois jusqu'à l’obsession… Comment l'expliquer et comment y remédier?
Avant toute chose, rappelons que la peur de la mort est saine et légitime mais quand elle devient pathologique, ce n'est plus la même histoire ! Elle peut se traduire sous forme de crises d’angoisse ou de panique mais aussi de phobie ou d’hypocondrie. Chez certaines personnes, la peur de la mort peut carrément empêcher de vivre. Pour relativiser cette angoisse, certaines astuces existent.
La peur de la mort, qu’est-ce que c’est ?
La peur de la mort s'appelle "thanatophobie", du grec ancien "thanos" qui signifie "mort" et "phobia", "peur". Cette phobie peut handicaper les personnes dans leur quotidien, elles peuvent par exemple refuser de prendre la route ou les transports en commun, ne pas pouvoir partir en voyage ou refuser de laisser les enfants seuls.
Que cache la peur de la mort ?
Des origines qui remontent à l’enfance
La peur de la mort remonte souvent à l’enfance. C’est vers l’âge de 7 ans que l’idée de la mort chez l’enfant devient très active, que de nombreuses questions peuvent apparaître et c’est avec l’arrivée de cette préoccupation que la peur de la mort peut se manifester.
Faire face au décès d’un proche.
La mort de proches est également un élément déclencheur pour vous faire prendre conscience que vous pouvez, vous aussi mourir, à tout moment, tout comme les gens que vous aimez. Cette prise de conscience peut-être brutale et déclencher des angoisses.
Quitter ses proches.
Vouloir rester en vie pour ceux qui ont besoin de nous est une inquiétude très courante mais vous pouvez avoir une sensation d’inachevé, ou l’impression de trahir vos proches en les quittant. Pour vous, mourir en paix c’est quand tout a été dit et réunifié et si ce n’est pas le cas… Votre angoisse grandit. Vous allez alors éviter toutes les situations à risque susceptibles de causer votre décès prématurément comme monter en voiture, dans un avion ou dans un bateau.
Peur de souffrir.
Vous ne voulez pas vivre ce passage entre la vie et la mort, où vous pouvez dire « je meurs ». Vous préférez mourir dans votre sommeil sans rien savoir ou une crise cardiaque brutale plutôt qu’une lente agonie qui vous laisse le temps de penser.
Comment surmonter et vaincre la peur de mourir ?
Déculpabiliser.
Oui, penser à sa propre mort ne va de soi pour personne ! Même pour ceux qui s'accommodent à l'idée de mourir un jour, il est difficile de penser à sa propre fin, souligne Franco De Masi, auteur de « Penser sa propre mort ». Selon Freud, relève-t-il, "nous sommes susceptibles de penser et de nous représenter la mort des autres, même s'il s'agit d'une expérience douloureuse et déconcertante. Nous pouvons craindre la mort d'un proche, l'anticiper et la pressentir avant même qu'elle n'ait lieu, et nous savons que nous aurons à affronter le vide qui s'ensuivra. Mais se préparer au vide qui se rapporte à nous-mêmes ne va pas de soi". Dans ce cas, poursuit l'auteur, "le terme même de "vide" apparaît impropre, car nous ne pouvons pas l'opposer à un "plein". Lorsque nous nous demandons comment nous entendons la mort, nous nous confrontons aux limites mêmes de notre pensée." D'où le nombre important de personnes traversant à un moment ou à un autre de leur existence une phase d'anxiété à l'idée de mourir.
S’intéresser à l’Expérience de Mort Imminente (EMI).
Les expériences de mort imminente (EMI) sont davantage médiatisées et souvent plus connues sous leur nom anglais NDE (Near Death Experience).
Il faut attendre 1975 avec l’ouvrage référence « La vie après la vie » du docteur Raymond Moody pour avoir des témoignages incroyables de cette fameuse expérience de mort imminente. Le scénario est souvent le même : déclarée cliniquement morte, la personne a l'impression de sortir de son corps. Son "âme" s'engage alors dans un tunnel au bout duquel resplendit une lumière extraordinaire. Dans un lieu de paix et de beauté, elle est accueillie par un être de lumière qui lui fait revoir chacun des événements de sa vie. À regret, l'âme retourne ensuite dans son corps et la personne reprend conscience. Un livre bouleversant, qui libère de bien des peurs.
Les personnes qui ont eu une expérience de mort imminente (EMI) en ressortent durablement transformées. Ces phénomènes sont rigoureusement étudiés par des chercheurs, à l'instar de Sylvie Cafardy. Cette médecin spécialisée en gériatrie à l'hôpital de Montmorillon, en Nouvelle-Aquitaine, y a consacré une bonne partie de sa vie. Cette quiétude face au trépas qui unit les "expérienceurs" rencontrés par Sylvie Cafardy peut également se révéler utile pour le reste du monde. "Leur sérénité face à l'au-delà est contagieuse", explique Sylvie Cafardy.
La spécialiste raconte même la fin de vie d'un de ses anciens patients terrifié à l'idée de se sentir mourir. "Bien qu'il ne souffrait pas, il m'avait demandé la sédation terminale, mais comme je connaissais une infirmière qui avait vécu une EMI, je lui ai présenté." Et après quelques minutes de discussion, le patient était assez rassuré pour retirer sa requête. "Il a pu rester lucide, revoir sa famille, leur dire au revoir et s'éteindre paisiblement dans son sommeil. »
Et ce n'est pas le seul patient à avoir ressenti un bénéfice à l'écoute du témoignage d'un "expérienceur". Dans le service des soins palliatifs du CHU marseillais de la Timone, des livres et des vidéos autour de ces expériences sont utilisées pour aider ceux qui doivent se préparer à la mort. "Quand les patients du psychologue Éric Dudoit lui disent qu'ils ont peur de se sentir mourir, il leur propose cette démarche. Et il a pu remarquer par des tests une baisse nette de l'anxiété chez ces derniers", indique la médecin.
Pour aller plus loin…
Nous vous conseillons comme ouvrage « Expériences de mort imminente » du docteur Sylvie Cafardy
ainsi que « La vie après la vie » du docteur Raymond Moody
Lire des textes philosophiques.
Le sujet abstrait qu’est la mort a été abordé par de nombreux philosophes dès l’Antiquité, notamment Platon pour qui, dans le Phédon, « philosopher, c’est apprendre à mourir » (au sens de se libérer de cette enveloppe corporelle qui perturbe la réflexion). De fait, l’apprentissage de la mort était un thème central des philosophies anciennes. D’ailleurs pour les épicuriens, la crainte de la mort était l’un des quatre maux dont il fallait guérir l’homme pour lui ouvrir l’accès au bonheur.
Pour les stoïciens, l’un des enjeux majeurs de la philosophie était de nous apprendre à apaiser notre rapport à la mort, préalable nécessaire à une vie heureuse : puisque nous sommes tous des morts en sursis, nous devons nous préparer sereinement à l’échéance ultime tout au long de notre vie.
Pour ce faire, ils prônaient et pratiquaient des « exercices spirituels », sorte de préparation mentale consistant à anticiper les malheurs qui peuvent nous arriver pour être prêts à les affronter le jour où ils adviendront….autant de modernité cela laisse songeur !
Se faire aider.
Pour livrer le combat face à la phobie de la mort trop intense, beaucoup sont ceux qui décident de se faire aider. C’est un cap par lequel il est généralement difficile de passer, sachant qu’il va falloir libérer son poids en le partageant avec une autre personne. Que ce soit avec l’aide d’un spécialiste qui saura vous éclairer et vous guider vers la sortie de cette grande peur, l’essentiel est de partager le ressenti et se sentir apaisé. Profitez de la vie et faites-vous entourer par les personnes qui comptent pour vous, de manière à apprécier chaque minute qu’il vous reste encore à vivre. Un professionnel de la santé comme un être cher saura dans tous les cas, vous aider à apaiser vos émotions et à reprendre confiance en vous.
Exprimer ses dernières volontés : se rassurer et rassurer ses proches.
Quand on évoque le terme de « dernières volontés », on imagine immédiatement une personne sur le point de décéder, entourée de sa famille, prononçant ses ultimes souhaits d’une façon solennelle. Aujourd’hui il y a plusieurs façons de préparer ses dernières volontés et on est loin du cliché cité précédemment. Testament, assurance obsèque… autant de solutions pour exprimer ses volontés sur le devenir et la répartition de son patrimoine. Mais au-delà de l’aspect juridique, il y a surtout ces dernières volontés en matière de funérailles. Celles-ci peuvent être réglées avec la création d’un espace personnel sur Alanna. Permettant à chacun de renseigner ce qu’il souhaite, et quand il le souhaite, via un espace gratuit, libre et complètement privé, cette page personnelle est une véritable passerelle entre vous et vos proches. Ces informations « pratiques », moins formelles qu’un testament, et surtout plus émotionnelles, vous donnent la possibilité d’exprimer vos souhaits, envies, pour par exemple l’organisation de la cérémonie, la musique, les fleurs… des envies parfois un peu originales, pour des souhaits qui comptent vraiment et qui vous ressemblent.
Et parce que Alanna se veut résolument humaine, vous pouvez également y parler de vous et pourquoi pas, livrer un secret !
Et surtout …
Il faut garder à l’esprit qu’apprivoiser la mort aide à mieux profiter de la vie ! Angoisser sur l’avenir ne laisse aucune place au présent. Il faut arriver à lâcher prise pour accepter l’inacceptable : nous sommes venus au monde pour le quitter un jour.
Articles récents
Contribuer ?
Vous souhaitez participer, animer une rubrique, partager un sujet.
Envoyez-nous un message !Des questions sur Alanna ?
Retrouvez notre FAQ
Besoin d'aide pour des obsèques ?
Retrouvez notre Guide