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Témoignage : « J’ai subi 2 fausses couches à la suite »

Témoignage : « J’ai subi 2 fausses couches à la suite »

14 Avril 2022

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Déborah, 41 ans, est aujourd’hui l’heureuse maman de deux enfants, Anna et Jo. Entre ses deux grossesses abouties, elle a subi deux fausses couches, très difficilement vécues pour elle et pour son couple. Pour Alanna (alanna, vous accompagne face au décès), elle a décidé de partager son histoire et de nous raconter comment elle a traversé cette épreuve.

« J’ai eu ma première fille, Anna, qui est arrivée de manière inattendue… pour la petite histoire je ne connaissais son papa que depuis trois semaines. Au début, moi, je ne savais absolument pas quoi faire ! Tout le monde me disait, tu as 37 ans, garde-le… ben non ce n’est pas aussi facile que ça. Je n’avais vu Hervé que quelquefois et je ne le connaissais pas, alors faire un enfant avec. C’est lui qui m’a dit tout de suite, « on tente l’aventure ensemble ». J’ai été scotchée qu’il prenne la situation ainsi… Il faut dire que j’ai déjà eu des histoires plus longues où les mecs ont disparu du jour au lendemain alors que lui me dise ça, alors que nous nous connaissions à peine. Ça m’a impressionnée et je me suis dit allez, ok, on part dans cette folle aventure ensemble.

Anna a été un bouleversement incroyable dans ma vie. Ça a été et ça reste mon plus grand bonheur. Elle m’a transformée. Je suis maman avant tout désormais. Je n’ai aucune honte à le dire. La Débo fêtarde, hyper à fond dans son boulot dans la communication, c’est terminé. J’ai trouvé, avec la maternité, un sens à ma vie, mon chemin de vie comme j’aime le dire. C’est fou, avant je regardais de haut les femmes qui disaient ça. Mais pour moi désormais c’est tellement vrai

Très vite, j’ai voulu un second enfant. Hervé n’était pas très chaud, il faut dire qu’on se disputait beaucoup, beaucoup, à cette époque. Aujourd’hui aussi (rires). On se connaissait à peine quand je suis tombée enceinte, alors une vie commune, un nouvel appartement puis un enfant, ça chamboule n’importe quel couple, alors le nôtre, ni construit, ni solide… c’était rock'n'roll à la maison !
Mais moi, je voulais, je ne l’explique pas. Un fantasme de construire ma propre famille sans doute. Une amie m’a dit « on dirait que tu fais un caprice ». C’est vrai que mon couple était tout sauf stable, les disputes étaient hyper violentes, on a failli en venir aux mains plus d’une fois.
Peut-être que j’ai bloqué, que c’était obsessionnel… Je m’entends mal, très mal même, avec ma mère, je n’ai plus mon père. Mon frère a une famille parfaite, bref je voulais moi aussi ma famille, rien qu’à moi.

Avec Hervé, on a repris une vie intime assez tôt après Anna. Et là, surprise, je suis enceinte ! Très vite, facilement. On ne s’y attendait pas. Aussi rapidement. J’étais tellement heureuse. Les hormones aidant, entre Anna que j’allaitais, la surprise de cette seconde grossesse, j’étais une pile électrique. Hervé me disait que j’étais en up and down permanent et insupportable, mais je ne l’écoutais pas. Et puis un soir, un mal de ventre terrible. Je vais prendre une douche et là je vois du sang. Beaucoup de sang. J’ai compris tout de suite que c’était grave mais pas que je faisais une fausse couche. C’était impensable pour moi. Aux autres oui, mais ça ne peut pas arriver à moi. Ça a été très violent. On a dû aller aux urgences. Ça ne s’est pas très bien passé avec les médecins bref. J’ai été très désagréable paraît-il. J’étais tellement en colère contre moi-même. J’ai évacué comme j’ai pu.

Sachant que je n’ai eu aucun problème pour Anna, je ne m’y attendais pas. Ça a été un coup de bambou dans la figure. La douleur, les pertes, ce mal de ventre, mal aux tripes. J’étais comme spectatrice de tout ça, aux urgences etc. Je me suis laissée porter par mon mec, le corps médical. C’est de revenir à la maison, après quelques jours, que j’ai réalisé. De me retrouver seule avec Anna… là j’ai sombré. C’était trop dur. Je me suis sentie tellement seule. Tellement nulle. Et coupable. La mère d’Hervé est même venue d’Agen pour m’aider à m’occuper de ma fille. J’étais dans un état… la culpabilité de ne pas avoir réussi à avoir cet enfant, mon mec qui ne m’a pas vraiment soutenue en disant « tu vois, on ne doit pas en avoir un second ». Et encore de la culpabilité de ne pas avoir la force de m’occuper de ma fille. Et puis la violence de la fausse couche. Personne n’en parle. Aucune de mes amies qui ont eu des enfants avant moi ne m'en ont parlé. Et comme je suis tombée deux fois enceintes hyper facilement, je pensais que pour moi tout serait facile. Que le plus dur serait de tomber enceinte. J’étais dans un brouillard complet. Et surtout, sans information, ni véritable soutien

J’ai très vite eu le besoin d’aller revoir ma psy. J’avais arrêté avec ma première grossesse. Elle m’a fait beaucoup de bien. J’ai voulu aussi faire une thérapie de couple. Hervé était contre et finalement il s’est laissé tenté. Avec le recul, c’est ça qui me dit qu’aujourd’hui nous sommes encore ensemble.

Après quelques mois, on a trouvé par hasard une maison. On a acheté ensemble. Grosse étape. Et il y avait 4 chambres… donc bon je me suis dit que c’était bon signe. Et là je suis retombée enceinte. On essayait vraiment à ce moment-là. J’étais sûre de moi. Lui il est plutôt taiseux mais bon je me suis dit, qui ne dit mot consent (rire). Là encore une fois, j’étais sur un petit nuage. Pas prudente. Je n’avais retenu aucune leçon d’avant.

Les semaines passent. Et puis un jour des crampes. Quelques jours passent. Et là je suis au boulot, des petites pertes. Je suis dans le déni. Je me dis que ce n’est rien. La douleur s’accentue. Là, je vais à la pharmacie. On me dit d’aller aux urgences. Echographie. L’embryon est mort. On doit tout retirer. Bon je passe les détails. Je suis mal mais, bizarrement, je me rends compte à cet instant, pourtant douloureux, que je veux vraiment un second enfant. Et que je ferais tout pour en avoir un autre.
J’ai 40 ans, je commence les démarches pour une grossesse où la science m’aide un peu. Il faut la signature du papa. Et là ça coince.

Hervé a très mal vécu la seconde fausse couche. Le fait de changer de lieu d’habitation, de voir la chambre vide, alors qu’on avait aussi acheté la maison pour ça… il s'est encore plus renfermé. Déjà qu’il n’est pas bavard. L’ambiance était presque morbide à cette époque. Et bizarrement ça a été moi la plus solide des deux. J’ai porté notre couple, à bout de bras certes et cette 4ème grossesse. J’étais sûre de moi et de ce que je voulais. Après chaque femme est différente.

Mon amie Cécile est tombée enceinte en même temps que moi, lors de ma 3ème grossesse. Elle a fait une fausse couche, comme moi. Elle a détesté, complètement rejeté ses émotions, son corps. Ça l’a vraiment marqué au fer rouge. Elle ne veut plus essayer. Elle est en rejet complet. Ce que je comprends et respecte. Moi ça a été tout le contraire. J’ai eu une niaque pas possible. Je le voulais vraiment ce second bébé. Je me suis mis en mode machine de guerre. Les meilleurs spécialistes, meilleures cliniques… je me suis même mise en arrêt maladie. J’ai tout donné.

Je suis finalement tombée enceinte, avec un peu d’aide, pour la 4ème fois. Ça a été une grossesse sans joie et avec beaucoup beaucoup d’angoisses. A la moindre douleur, je voulais passer une écho. J’ai même perdu ma gynécologue tellement je l’ai harcelée. Les vacances ont été un cauchemar. J’ai pris une vague dans le ventre, j’ai retourné tout Belle-Ile-en-mer pour trouver un cabinet médical. J’ai même pris le bateau pour aller sur le continent et faire une échographie en urgence pour m’assurer que tout était ok. J’ai été très pénible pour mon compagnon et mes amis.

Et puis Jo est arrivé. Je ne pensais pas pouvoir aimer autant un autre enfant comme j’aime Anna… et puis si ! Je suis tellement heureuse, comblée. Je n’ai pas de mots.
Mais j’aime dire que je suis maman de 4 enfants. Deux qui sont là avec moi, Anna et Jo et deux autres qui ne sont pas là. J’ai été enceinte 4 fois, c’est important pour moi de le dire. Je n’ai aucune honte. Hervé me trouve lourde avec ça, mais tant pis !

J’ai voulu partager mon histoire, car moi ancienne journaliste, travaillant maintenant dans la communication, je n’avais aucune idée de ce qu’était une fausse couche. Je suis révoltée et presque honteuse du tabou autour de ça. Il faut vraiment avoir vécu une fausse couche pour la comprendre. Même le mot fausse couche je l’ai en horreur ! J’ai lu récemment une tribune dans Le Monde, du collectif « Fausse couche, vrai vécu » et ça m’a beaucoup interpellée et parlé. C’est tellement vrai quand ils disent que l’expression « fausse couche » est tellement fausse et déplacée … parce que ce qu’on vit est vrai, vrai de vrai, dans nos tripes, notre corps et que rien n’est faux dans une fausse couche ! »

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