Crémation en France : pratique, législation et obligations

Origines et histoire de la crémation

Antiquité et moyen âge

La crémation est pratiquée depuis l'Antiquité par différentes civilisations comme les Romains ou les Vikings. Chez les Romains, cette pratique était courante jusqu'à l'avènement du christianisme qui privilégia l'inhumation. Le christianisme a ainsi largement contribué à faire reculer la crémation en Occident durant le moyen âge et depuis.

Renaissance et époque moderne

Au cours des siècles suivants, la crémation resta une pratique marginale en Europe, souvent associée aux rites païens. Ce n'est qu'à partir du 19e siècle que la crémation refait surface, notamment grâce aux avancées scientifiques et médicales qui permettent de mieux comprendre le processus de décomposition du corps humain. Les premiers crématoriums modernes sont construits au début du 20e siècle.

Crémation dans le contexte français actuel

En France, la crémation représente environ 40% des obsèques réalisées chaque année, avec des disparités selon les régions. La législation encadrant cette pratique a évolué au fil du temps, notamment avec la loi de 2008 qui impose des conditions strictes pour l'incinération et la dispersion des cendres. Les Français sont de plus en plus nombreux à choisir cette option pour des raisons diverses : économiques, écologiques ou encore par souci d'espace dans les cimetières.

Le processus de crémation

Comment se passe une crémation ? Les différentes étapes

Le processus de crémation comporte plusieurs étapes :

• La préparation du corps : Avant la crémation, le corps est débarrassé de certains objets métalliques (prothèses, bijoux...) et placé dans un cercueil adapté.
• L'incinération : Le cercueil contenant le corps est introduit dans un four préchauffé à une température comprise entre 800 et 1000°C. La combustion dure environ 1h30 et réduit le corps en cendres.
• Le refroidissement et le traitement des résidus : Les cendres sont récupérées puis refroidies avant d'être broyées pour obtenir une poudre fine. Les éventuels résidus métalliques (plombages dentaires, prothèses...) sont extraits et recyclés.
• La mise en urne :
Les cendres sont ensuite placées dans une urne cinéraire, qui peut être déposée dans un columbarium, enterrée dans un caveau familial ou les cendres peuvent être dispersées dans un jardin du souvenir ou en pleine nature.

Les équipements utilisés

Le principal équipement utilisé pour la crémation est le four de crémation ou four crématoire, alimenté au gaz naturel ou au propane. Ce dispositif doit respecter des normes strictes en termes d'émissions polluantes et de consommation d'énergie. Le corps est quant à lui placé dans un cercueil.

A savoir, lors de la crémation, le corps n’est pas brûlé par des flammes, c’est la chaleur très haute du four qui entraîne la combustion du cercueil, puis du corps.

Avantages et inconvénients de la crémation

Comparaison avec l'inhumation

La crémation présente plusieurs avantages par rapport à l'inhumation :

• Gain d'espace : Les cendres occupent moins d'espace qu'une sépulture traditionnelle, ce qui peut être un atout dans les zones urbaines où les terrains sont rares.
• Coût : La crémation est moins coûteuse que l'inhumation, notamment en raison des frais de concession moins élevés, et de l’absence de monument funéraire.
• Simplicité : La gestion des cendres est souvent plus simple que celle d'une sépulture, notamment pour les familles éloignées géographiquement.

Tous ces avantages sont encore plus marqués en cas de dispersion de cendres.

Toutefois, la crémation comporte également quelques inconvénients :

• Aspect psychologique : Pour certaines personnes, la crémation peut être vécue comme une "destruction" du corps, tandis que l'inhumation offre un lieu de recueillement pérenne.
• Limitations religieuses : Certaines religions interdisent ou découragent la pratique de la crémation (notamment le judaïsme et l'islam).

Aspects environnementaux

Si la crémation est perçue comme une alternative plus écologique à l'inhumation, elle n'est pas dénuée d'impact sur l'environnement. Le processus de combustion génère des gaz à effet de serre ainsi que des rejets de particules fines et de métaux lourds (mercure provenant des plombages dentaires notamment). Toutefois, les normes environnementales imposées aux crématoriums visent à limiter ces impacts.

Et pour un impact écologique encore plus faible, il est possible d’opter pour un cercueil en carton.

Obligations légales et démarches à suivre pour une crémation en France

Les lois en vigueur

La crémation est encadrée par plusieurs textes législatifs en France, notamment la loi n°2008-1350 du 19 décembre 2008 qui impose des conditions strictes pour l'incinération et la dispersion des cendres. Parmi les principales obligations légales figurent :

• L'autorisation préalable de crémation délivrée par le maire de la commune du lieu de décès ;
• Le respect d'un délai minimum de 24 heures entre le décès et la crémation ;
• L'utilisation d'un cercueil spécifique conforme aux normes en vigueur.

Le processus administratif

Les démarches à suivre pour organiser une crémation sont les suivantes :

1. Obtenir un certificat médical de décès délivré par un médecin.
2. Déclarer le décès à la mairie du lieu du décès dans un délai de 24 heures.
3. Demander l'autorisation de crémation auprès de la mairie.
4. Choisir une entreprise de pompes funèbres pour organiser la crémation et les obsèques.
5. S'acquitter des frais liés à la prestation (crématorium, urne cinéraire...).

En général ces démarches sont directement prises en charge par la société de pompes funèbres que vous aurez choisie.

Les coûts associés à la crémation

Le coût d'une crémation varie en fonction des prestations choisies (type d'urne, emplacement dans un columbarium ou au sein d'un cimetière...), mais aussi des tarifs pratiqués par l’ entreprise de pompes funèbres, de votre région, et des tarifs du crématorium. En moyenne, le coût d'une crémation en France se situe entre 2 500 et 5 000 euros.

Les différentes destinations des cendres après la crémation

Après la crémation, plusieurs options s'offrent aux familles pour conserver ou disperser les cendres du défunt :

• Columbarium : Il s'agit d'un édifice destiné à recevoir des urnes cinéraires. Les cases du columbarium sont généralement louées pour une durée déterminée (comme une place au cimetière en cas d’inhumation).
• Caveau familial : L'urne peut être enterrée dans un caveau existant ou spécialement aménagé. Il faut demander une autorisation.
• Dispersion des cendres : La loi française autorise la dispersion des cendres dans la nature (en dehors des voies publiques) ou dans un jardin du souvenir spécifiquement aménagé au sein d'un cimetière.

Pour plus d’informations, vous pouvez lire également : Dispersion des cendres d'un défunt après crémation : autorisations et lieux permis et La dispersion des cendres en mer: procédure, réglementation et choix pour un dernier hommage marin.

Croyances et pratiques religieuses concernant la crémation

Les opinions sur la crémation varient selon les religions et les cultures. Si certaines religions interdisent ou découragent cette pratique (judaïsme, islam), d'autres l'acceptent sous certaines conditions (catholicisme) ou la considèrent comme une alternative valable à l'inhumation (bouddhisme, hindouisme).

La crémation et la religion

• Christianisme : Les attitudes envers la crémation varient parmi les différentes dénominations chrétiennes. De nombreuses branches du christianisme acceptent la crémation, tandis que d'autres privilégient l'inhumation traditionnelle. La position officielle de l'Église catholique romaine a évolué au fil des années et permet désormais la crémation, à condition que cela ne soit pas motivé par le déni de la résurrection des corps.
• Islam : La crémation est généralement interdite dans l'islam. Selon les enseignements islamiques, l'inhumation est préférée et considérée comme un devoir religieux. La crémation est perçue comme une altération du corps et une violation des croyances islamiques sur la vie après la mort.
• Judaïsme : Traditionnellement, le judaïsme interdit la crémation. L'inhumation est considérée comme la méthode appropriée pour la disposition des corps, conformément aux enseignements juifs et à la loi religieuse. Cependant, il y a eu des cas où des Juifs ont choisi la crémation pour diverses raisons personnelles, bien que cela soit encore relativement rare.
• Hindouisme : Dans l'hindouisme, la crémation est une pratique courante et largement acceptée. Selon les croyances hindoues, la crémation permet de libérer l'âme du corps physique et facilite sa transition vers le cycle de la réincarnation. Les crémations ont souvent lieu sur les rives de rivières sacrées, comme le Gange en Inde.
• Bouddhisme : Le bouddhisme n'a pas de règle stricte concernant la crémation. Certaines écoles bouddhistes préfèrent l'inhumation, tandis que d'autres acceptent la crémation. Le bouddhisme met l'accent sur l'impermanence et la transience de la vie, il n'y a donc pas de prescription rigide quant à la disposition des corps.

Alternatives à la crémation

Outre l'inhumation traditionnelle, d'autres alternatives à la crémation existent aujourd'hui, comme l'aquamation (hydrolyse alcaline) ou encore l'humusation (décomposition du corps dans un compost). Ces méthodes restent toutefois encore non autorisées en France et soumises à des contraintes légales spécifiques selon les pays.

La crémation est une pratique funéraire de plus en plus courante en France. Nous vous recommandons de vous informer sur ses aspects légaux, techniques et environnementaux avant de faire ce choix pour vous-même ou pour un proche.